Château de Saint-Phalle
Le château de Saint-Phalle
A la faveur de quelle circonstance les Seignelay ont-ils été amenés pendant la période féodale à s’intéresser à Cudot ?
Quand ont-ils fait construire le premier château de Cudot ?
Autant de questions qui restent sans réponses certaines.
Sur le cartulaire de l’abbaye cistercienne des Echarlis (fondée à Villefranche en 1112) est mentionné parmi les donateurs Elie de Seignelay en 1146.
Le château de Cudot était probablement un quadrilatère régulier d’une cinquantaine de mètres de côté avec une tour à chaque angle comme c’était chose courante du temps de Louis VII , doté de douves, ce qui peut dater aussi bien de 1100 que de 1175.
En 1220, la fille de Ferry de Seignelay, Alpaix-Jeanne de Seignelay épouse André-Robert de Saint Fale. C’est le début d’une longue histoire entre cette famille et ce château.
La guerre de cent ans ( 1337 – 1453 )
L’invasion anglaise se présente en novembre 1358 avec la petite armée de Robin Knowles (Robert Canolle pour les Français). Il occupe Courtenay et y séjourne un mois avant de se faire de Malicorne (décembre) puis de Régennes des repaires successifs et de s’emparer d’Auxerre en mars 1359.
Le château de Précy est démoli ; celui de Villefranche est démantelé pour que Knowles n’en profite pas. L’abbaye des Echarlis est dévastée.
Cudot a été durement atteint et le château incendié suivant la pratique courante des hommes de Knowles.
Les incursions d’autres troupes anglaises en 1360, 1370 et 1380 n’ont pas atteint Cudot. A partir de 1471 une série des comptes du doyen de Courtenay dit régulièrement que la paroisse de Cudot est « vacante et de nulle valeur ». Ce n’est qu’en 1478 que les comptes suppriment la mention « de nulle valeur », ne gardant que celle de « vacante » ce qui implique que les habitants se sont déjà réinstallés depuis quelques temps.
La Renaissance (1515 – 1643)
En 1489, le désservant étant décédé, le frère Pierre Bigot est nommé. Ce sera le point de départ d’une situation stable de la cure. En 1492 le doyen de Courtenay précise que la paroisse de Cudot a des revenus satisfaisants. Les frères se succéderont avec régularité jusqu’en 1560.
La population a été constituée de nouveaux venus, des immigrants provenant de provinces moins touchées par la guerre de cent ans. Ce sont eux qui rebaptisent les écarts avec leurs patronymes: les Guinots, Pierre Gauville .
Louis de Saint Phalle reconstruit le château, le principal étant réalisé à partir de 1496. A la fin de sa vie, en septembre 150? , il donne dans l’aveu et dénombrement qu’il rend au châtelain de Courtenay des indications multiples comme: « l’hostel et maison seigneuriale…..ou l’avouant (Louis de Saint Phalle) est demeurant, clos (muré), fermé (avec pont levis), environné de fossés pleins d’eaux vives…..la grange, les étables, le colombier ..…et la métairie de l’avouant ». Suit une liste de terres pour moins de 255 arpents soit environ 107 hectares.
La troisième et dernière partie du dénombrement donne la liste des propriétaires situés sur le fief qui, comme propriétaires, acquittent l’équivalent des taxes locales. (Contrairement à ce que croient certains, le seigneur n’est nullement le propriétaire de tout le fief) .
Parmi les 47 propriétaires, on trouve :
1 Jehan Brethon le jeune, 15 arpents de terre et une masure.
6 Jehan Courtin et ses hoirs (héritiers) pour le lieu de la Chevallerie, de 15 à 16 arpents.
10 Les hoirs feu Jehan Guynot, ½ masure contenant 5 arpents de terre plus 24 arpents de terre.
13 le lieu qui fut à Jehan Robinart qu’à présent tiennent Symon Durant, Jehan Brunet et la
veuve du dit défunt Robinart ½ masure avec 7 arpents.
15 Jehan Brunet et ses enfants (Bernets actuels par déformation articulatoire)…..
17 La veuve et les hoirs de Jehan Lemaire pour 80 arpents de terre, en ce compris 3 masures avec 2 arpents de prés.
23 Les hoirs de défunt Pierre Gauville et Guillaume Méry, pour une masure contenant 10
arpents de terre…
40 Les hoirs feu Guillaume Garnyer, 8 arpents.
47 Avoue enfin tenir le dit écuyer de…..le fief de la Porcherie (Plucherie certainement),
contenant 10 arpents assis en la dite paroisse de Cudot ».
A noter, dans cette énumération, une surface cultivée de plus de 1000 arpents soit le quadruple de la propriété seigneuriale.
Un mois après cet aveu et dénombrement, Louis de Saint Phalle mourait le 11 octobre 1509 ayant demandé à être enseveli dans la chapelle St Bénigne qu’il avait fait restaurer, ainsi que son père.
Dans leur déclaration du 17 juin 1666, les délégués de l’Ordre de Malte disent qu’étant descendus dans l’église du prieuré de Cudot dédiée à St-Bénin, ils ont vu une grande tombe de pierre soutenue par 4 lions et posée devant le grand autel. Sur cette tombe était écrit « ci-gist haut et puissant seigneur messire Philippe de Saint Phalle , chevalier, baron de Cudot et autres lieux et Louis de Saint Phalle, son fils, l’un des 100 gentilshommes de Charles VIII, décédé l’onze octobre de l’an 1509 ».
En septembre 1511, un acte de Richard de Saint Phalle indique le bornage des « terres, seigneuries et justices des Echarlis et de Cudot » par 7 bornes « toutes en grès, marquées du côté des Echarlis d’une crosse et du côté de Cudot d’un C », ….la première « attenante au grand chemin allant de Cudot à Villefranche , chemin attenant la forêt d’Arbloy, à présent nommée la petite forêt du Bois Droict »…….
17 juillet 1546 un acte porte établissement du droit de banalité au moulin à vent construit
par Richard de Saint Phalle 500 mètres à l’Est de son château.
Jusque là, les habitants faisaient moudre à un moulin à eau situé à Verlin , appartenant au seigneur de Cudot, mais sans que ce dernier puisse y exercer son droit de banalité.
Habilement Richard de Saint Phalle fait réunir tous les usagers éventuels de sa seigneurie, leur accordant le privilège de bourgeoisie, supprimant toute amende prévôtale jusqu’à 5 sols 12 deniers parisis qu’ils auraient encourue, et leur imposant en échange le droit de banalité, c’est à dire l’obligation de faire moudre à son moulin à vent, d’ailleurs fort commode pour les habitants du bourg. En cette circonstance on a la liste de près de 90 chefs de famille assujettis à la seigneurie, à commencer par le curé, André Cordon ; on y relève Jehan Angevin….Jehan Breton…Lion Choppineau…..Gervais Coutelle…Anthoine Garnier, René Gauville… Pasquet Loyseau…Geoffroy Le Mire…. Soit de 360 à 390 habitants avec femmes et enfants sur ce qu’on nommait alors « le petit cudot » par opposition à la partie relevant de Précy ce qui suggère une population paroissiale de l’ordre de 750 habitants.